Comme en 2019 en Égypte, la Guinée a quitté la 33e coupe d’Afrique des nations en huitièmes de finale, que le Cameroun abrite sur son territoire. À la suite de cette élimination, notre rédaction a tendu son micro à un consultant sportif lors d’une interview que ce dernier nous a accordée, pour analyser ce qui convient d’appeler la débâcle du Syli national.
Avec Thierno Saïdou Diakité puisqu’il s’agit de lui, nous avons évoqué notamment l’élimination du Syli national, ce qui n’aura pas marché pour la Guinée, le sort du coach Kaba Diawara et le fameux système « 3-5-2 » qu’a toujours utilisé le successeur de Didier SIX au poste du sélectionneur du syli national.
Bonne lecture (première partie)
Africasport.org : La Guinée a pris part à la 33e édition de la coupe d’Afrique des nations Cameroun 2021, malheureusement les poulains de Kaba Diawara ont été éliminés en huitième de finale par la Gambie. Quelle analyse faites-vous par rapport au parcours de la Guinée ?
Thierno Saïdou Diakité : c’est vraiment dommage mais je suis conforté dans mes convictions parce-que j’avais prédit que la Guinée ira au Cameroun pour limiter les dégâts et s’ils atteignaient vraiment les quarts de finale, l’équipe de Kaba Diawara aurait réalisé une performance notable. Et les faits m’ont donné raison parce que comme en 2019, nous avons été éliminés en huitième de finale avec le même résultat technique. Parce que au Caire un match nul 2-2 avec le Madagascar, on a perdu contre le Nigéria 1-0 et on a battu le Burundi 2-0. Au Cameroun, premier match victoire contre le Malawi, 0-0 contre le Sénégal et on a perdu contre le Zimbabwe 1-2. Donc pour ce qui concerne la performance du syli national, je me dis que le statu quo car on a enregistré les mêmes résultats techniques. Comme on dit à quelques choses malheur est bon. Je pense que cette deuxième élimination va ouvrir devant les yeux de nos décideurs afin qu’on puisse engager la reconstruction du syli national et engager aussi d’autres réformes pour la gouvernance du football national.
Africasport.org : qu’est-ce qui n’a pas marché à votre avis surtout pour le Syli à la CAN 2021 ?
Thierno Saïdou Diakité : en fait, il y a les causes immédiates et les causes lointaines. Moi, je dirais que les causes lointaines, la succession de Paul Put n’a pas été réussie. On a recruté Didier Six, j’avais été l’une des premières personnes à contester son choix. C’est vrai, il nous a qualifiés pour la CAN, mais ce n’était pas un exploit, quel que soit l’entraîneur qui prenait le syli national allait qualifier le syli qui était constitué du Mali, du Tchad et de la Namibie. Et j’avais dit que la Guinée et le Mali allaient se qualifier. Et confirmation a été faite lors des éliminatoires Qatar 2022 au Maroc, on a été sorti par la petite porte. Donc ça c’est les causes lointaines. C’est-à-dire que la succession de Paul Put n’a pas été réussie et les conséquences c’est notre élimination à la CAN Cameroun parce que Kaba Diawara je l’ai dit aussi c’est sa toute première expérience et c’est difficile. La CAN est une compétition de grande envergure on ne peut pas faire un essai sur cette compétition. Maintenant que notre participation s’est achevée par une élimination, il faut songer à construire le syli national. Mais pour cela il faut qu’on se projette sur un horizon de cinq à six ans. Par exemple la prochaine édition du mondial c’est 2026, d’ici là il faut songer à reconstruire le syli national, l’encadrement technique en passant par toutes les catégories nationales afin d’assurer la relève. Dans trois ou quatre ans pour que le syli national soit beaucoup plus performant.
Africasport.org : il y a d’autres observateurs qui estiment que l’échec du syli est du au recrutement tardif de Kaba Diawara ou encore la préparation qui n’aura pas été assez longue pour le syli. Est-ce que vous pensez de la sorte ?
Thierno Saïdou Diakité : oui à sa décharge ça peut être un argument qui plaide à sa faveur car il a eu presque deux semaines de regroupement à Kigali. Mais figurez-vous il a assuré à un moment donné l’intérim de Didier Six au Maroc, lorsque celui-ci était souffrant. Bon… Moi, j’avais suggéré que l’équipe soit confiée à Kanfory Lappe Bangoura le temps de la CAN et après la compétition qu’on recrute un entraîneur de haut niveau qui va rester quatre ans en Guinée pour reconstruire le syli national. A sa décharge c’est vrai il n’a pas eu assez de temps mais à contrario aussi il s’est obstiné par son choix tactique de 3-5-2 (…) Il dit qu’il n’a pas de joueurs actuellement qui puissent mettre en œuvre le 4-3-3. Moi je pense que c’est un argument qui ne tient pas du tout. Le 3-5-2 est un bon système mais il faut plusieurs mois pour l’adapter. Depuis 10 ans le Bayern Munich joue avec ce système c’est une machine à marquer maintenant. Il faut avoir des joueurs qui ont l’aptitude physique et techniques pour se familiariser avec ce système.
Africasport.org : pour vous quel était le meilleur système qu’il fallait adapter au syli ?
Thierno Saïdou Diakité : vous savez le système c’est l’entraîneur qui définit sa philosophie de jeu, son plan de jeu, son schéma tactique. Moi j’aurais souhaité qu’il soit souple c’est-à-dire en fonction des adversaires, que ce système puisse s’adapter au système des jeux des adversaires qu’il a rencontrés. Figurez-vous que j’ai échangé avec certains joueurs et techniciens qui étaient au Cameroun, il semblerait qu’ils ont voulu l’aider pour être superviseur des adversaires même des matchs pour lui donner des conseils. Il a carrément refusé. Il dit qu’il n’est pas question de collaborer avec quelqu’un. A titre gratuit les gens allaient l’aider. Et moi j’avais suggéré ça au départ de l’équipe, qu’on prenne un ou deux entraîneurs par exemple Sékou Oumar Sy savane et un autre, qui puissent servir de superviseur pendant les matches à la mi-temps ils prennent des notes et l’aident.
Africasport.org : aujourd’hui quel doit est le sort de Kaba Diawara qui n’avait pas il faut le préciser un contrat mais une convention de travail allant de deux à trois mois. Est-ce que pour vous aujourd’hui, au vu de ce qu’il a proposé durant cette coupe d’Afrique des nations, est ce qu’il faut le maintenir pour donner assez de temps ou bien il faut le limoger et se doter des services d’un nouveau sélectionneur pour le syli ?
Thierno Saïdou Diakité : moi depuis quelques années mon crédo est de recruter un entraîneur de très haut niveau qui va rester 4 ou 5 ans assister des entraîneurs locaux, qui vont bénéficier de son expertise afin qu’on puisse se défaire de cette dépendance. Vous qui êtes allés au Cameroun et nous qui avons suivi (la CAN) ici, il y avait beaucoup d’entraîneurs africains que d’entraîneurs expatriés. Le football continental il évolue. Et le problème en Guinée, il faut qu’on permette aux entraîneurs locaux d’évoluer. C’est-à-dire il faut la formation et qu’ils évoluent dans les différents diplômes qu’ils obtiennent. L’entraîneur va coûter cher c’est vrai mais il aura retour sur investissement dans cinq ou six ans. Regardez le Burkina Faso c’est un local, Aliou Cissé ça fait combien de temps il est avec le Sénégal, la Tunisie c’est un entraîneur local, etc. C’est ma conviction. Bon je peux me tromper mais c’est ce que je pense.
Africasport.org : Au cas où les autorités accéderont à ce que vous développez là, quel doit être le véritable chantier maintenant pour le nouveau sélectionneur.
Thierno Saïdou Diakité : c’est la reconstruction du syli national de Guinée. Mais je l’ai dit après le chan (championnat d’Afrique des nations), j’avais souhaité que l’équipe locale soit le noyau dur du syli A. C’est-à-dire 6 où 7 joueurs de l’équipe locale, maintenant dans le secteur de jeu défaillant, qu’on fasse appel aux professionnels pour combler ces lacunes. Et droite ligne de ce que je dis, le dernier conseil des ministres a demandé au ministre des sports de réfléchir sur la réorganisation du sport et d’avoir une attention particulière sur le football local.
Les prochains jours, nous vous proposerons la suite et fin de cette interview.
Ci-dessous l’intégralité de l’interview en vidéo Facebook live :
Kaba Kouyaté et Hamidou Kibola BANGOURA pour Africasport.org