En 2024, le football guinéen a connu une année marquée par des hauts et des bas. Entre des performances historiques en Coupe d’Afrique, des espoirs déçus en compétitions continentales et des scandales en équipes de jeunes, l’année a été loin d’être monotone. Si le Syli national a frappé un grand coup en atteignant les quarts de finale de la dernière CAN, d’autres défis, à la fois sur et en dehors du terrain, ont laissé des cicatrices. L’année a aussi été rythmée par des rebondissements au niveau des clubs et des équipes nationales, sans oublier l’émergence de talents qui ont ravivé un peu d’espoir pour l’avenir. Mais, au final, le bilan de 2024 reste contrasté, avec des promesses non tenues et des ambitions inachevées.
L’année 2024 a été marquée par l’un des plus grands événements sportifs du continent africain : la 34e édition de la Coupe d’Afrique des Nations de football, qui s’est déroulée en Côte d’Ivoire. Cette compétition a réuni pour la troisième fois 24 équipes, dont la Guinée, qui faisait partie du groupe C aux côtés du Sénégal, de la Gambie et du Cameroun.
Le lundi 15 janvier, la Guinée a fait son entrée en lice lors d’un match contre les Lions indomptables du Cameroun. Le Syli national a obtenu un match nul 1-1. Pour sa deuxième rencontre, les protégés de Kaba Diawara, à l’époque sélectionneur du Syli national, ont pris leur revanche sur la Gambie, qui les avait éliminés en huitièmes de finale lors de l’édition précédente, en s’imposant 1-0.
Déjà qualifiée pour les huitièmes de finale, la Guinée s’est inclinée 2-0 face au Sénégal lors de la troisième journée.
En huitièmes de finale, le Syli national a remporté pour la première fois un match à élimination directe à la CAN. L’équipe guinéenne a battu la Guinée équatoriale sur un score de 1-0. Un but précieux qui offrait aux Guinéens une qualification historique pour les quarts de finale. Une passe lumineuse d’Ibrahim Diakité pour Mohamed Bayo a enflammé le stade Alassane Ouattara. Cependant, l’aventure s’est arrêtée en quart de finale. Face à la République Démocratique du Congo, la Guinée s’est inclinée 3-1, mettant ainsi fin à son parcours.
D’une compétition à l’autre, Kaba Diawara a connu plusieurs rebondissements. Après avoir dirigé le Syli national, l’ancien international guinéen a été choisi pour entraîner l’équipe des moins de 23 ans pour le tournoi de football des Jeux Olympiques Paris 2024. Bien qu’il ait remporté le match de barrage contre l’Indonésie, la phase finale a été amère. En trois matchs, la Guinée n’a obtenu aucun point, perdant toutes ses rencontres. En conséquence, Kaba Diawara a été limogé, tant chez les A que chez les U23.
Pour remplacer l’encadrement technique, la Fédération Guinéenne de Football a opté pour un comité transitoire pour les éliminatoires de la CAN 2025. Charly Paquilé, un ancien adjoint de Kaba Diawara, a été désigné pour diriger l’équipe. Mais après deux défaites contre la RDC et la Tanzanie, il a été remplacé par Michel Dussuyer, un autre ancien sélectionneur du Syli National. Ce dernier a réussi à remporter trois des quatre matchs restants, mais la Guinée a malheureusement échoué à se qualifier pour la CAN 2025.
Après l’élimination de l’équipe senior pour la CAN et les échecs des catégories inférieures, le Syli local a sauvé l’honneur du football guinéen en maintenant sa présence dans une compétition majeure. Les locaux ont écarté la Guinée-Bissau pour se qualifier au CHAN, prévu finalement en 2025
Sur le plan local, la Ligue 1 a connu une saison très animée. Parmi les 182 matchs disputés, la rencontre la plus marquante a été celle entre l’ASK et le Milo FC de Kankan. Après des incidents survenus lors de la première mi-temps au stade de la Mission, la LGFP a décidé de reprendre la rencontre quelques jours plus tard. Milo FC a remporté le match, prenant une sérieuse option pour son premier titre de champion de Guinée. Les Bleu et Blanc ont décroché ce sacre historique en terminant champions de la saison 2023-2024.
La Guinée a également lancé un projet de football pour les jeunes de moins de 17 ans, issus exclusivement des 14 clubs de Ligue 1. Cependant, ce projet n’a pas réellement pris forme. La Ligue Pro a, malgré tout, organisé la deuxième édition de la compétition dont le trophée porte son nom. Elle a été remportée par le Hafia FC, qui a battu la Renaissance FC en finale aux tirs au but.
Lors des compétitions continentales des clubs, les représentants du football guinéen n’ont pas été à la hauteur des attentes. En conséquence, la Guinée a perdu son indice CAF. Désormais, le pays ne sera plus représenté que par deux clubs, contre quatre lors des saisons précédentes.
En équipes nationales inférieures, les moins de 23 ans ont été éliminés du tournoi qualificatif pour la CAN de leur catégorie en Sierra Leone. De leur côté, les cadets ont de nouveau été confrontés à des tests IRM controversés. La Guinée, vice-championne d’Afrique en 2019 mais disqualifiée pour le Mondial des cadets et sanctionnée pour fraude d’âge de deux joueurs, a encore été accusée de fraude sur l’âge de certains de ses joueurs. Le Syli U17, après avoir perdu sa participation à deux éditions précédentes, a de nouveau été disqualifié lors du tournoi qualificatif zonal au Sénégal.
Dans le domaine du football scolaire, les écoliers guinéens ont remporté deux médailles lors du championnat zonal Ouest A au Sénégal, qualificatif pour le championnat d’Afrique scolaire. Les filles ont décroché la médaille d’argent et les garçons la médaille de bronze. Cependant, ces performances n’ont pas suffi pour se qualifier pour la phase finale, et la Guinée a été éliminée.
Enfin, après 52 ans d’attente depuis le sacre de Cherif Souleymane avec le Hafia en 1972, un Guinéen est parvenu à terminer parmi les cinq meilleurs joueurs africains de l’année. Serhou Guirassy a redonné de l’espoir aux Guinéens, bien qu’il n’ait pas remporté le trophée du Ballon d’Or africain 2024, qui est revenu au Nigérian Ademola Lookman.
Pour l’année 2025, les défis restent immenses pour le football guinéen. Parmi les priorités, la réalisation des infrastructures sportives pour toutes les disciplines, la qualification des administrateurs et techniciens, ainsi que l’organisation structurée des associations sportives nationales du pays.
Yonan John Traore / Hamidou Kibola