Les 24 équipes qualifiées à la 33e édition de la coupe d’Afrique des nations ont été situées sur leurs adversaires à affronter en phase de poules. Ce, à l’issue du tirage au sort que la confédération Africaine de football a effectué mardi 17 août 2021 dans la salle du palais des congrès de Yaoundé.
La Guinée, le Sénégal, le Malawi et le Zimbabwe sont logés dans le groupe B. Une poule sur laquelle nous avons fait réagir le directeur de publication de FOOT224.
Dans l’entretien téléphonique que le très pertinent Thierno Amadou Makadji nous a accordé, il s’est prononcé d’abord sur la campagne qualificative du Syli national, sur les chances de la Guinée à cette CAN que le Cameroun abritera en Janvier du 09 au 06 Février 2022, ensuite sur les inquiétudes des observateurs sur Didier SIX et enfin les favoris du tournoi.
Bonne lecture à vous !
Africasport : Quel est d’abord votre avis sur la campagne de qualification du sily national ?
Thierno Amadou Makadji : Contrairement à ce qu’on a vu en 2019, cette fois, nous avons entretenu le suspens, puisque l’équipe a manqué l’occasion de se qualifier et de se mettre à l’abris avant les deux dernières journées.
On s’est qualifié contre le Mali à Conakry dans un match haché, où on n’a pas joué le meilleur de notre football, mais sur un exploit individuel de Seydouba Soumah, on a pu obtenir notre ticket de qualification.
Donc, ça été un peu tiré par les cheveux, mais avec ce système de coupe d’Afrique à 24, se qualifier ne relève pas d’un exploit mais quelque chose de normal. Si on ne se qualifie à une coupe d’Afrique de 24 équipes, là il faut se poser des questions.
Africasport : ce soir nous avons assisté au tirage aux sort de la coupe d’Afrique, l’équipe guinéenne est logée dans la poule B, est-ce que c’est un tirage abordable pour le Sily ?
Thierno Amadou Makadji : Abordable ? Est-ce qu’on peut parler de tirage abordable ou pas avec ce système à 24 équipes, parce qu’il ne faut quand même pas oublier que les deux premiers de chaque groupe sont qualifiés, puis il y a les quatre meilleurs 3e . Donc, si tu fais une victoire d’office tu passes au prochain tour, donc c’est pourquoi je relativise le terme abordable avec ce format de compétition.
Maintenant, nous on arrive dans un groupe (B) où on était dans le pot 2, on est supposé être plus fort que le Malawi et le Zimbabwe. Et puis il y a le Sénégal qui est là, vice-champion d’Afrique (…) C’est une autre paire de manche, et c’est le favori du groupe. Logiquement, le Sily devrait passer pour le prochain tour.
Africasport : est-ce que, le Sily national peut faire un exploit face au Sénégal qui a fait une campagne de qualification exceptionnelle avec notamment zéro défaite ?
Thierno Amadou Makadji : Si on regarde les statistiques, la forme forme actuelle, le fossé est énorme entre les deux équipes. C’est-à-dire qu’il y a trois classes d’écart entre le Sénégal et la Guinée, en terme de compétitivité, en terme de régularité sur le continent, en terme de potentiel et de vivier. Puisque les sénégalais ont énormément de joueurs, tous les postes sont doublés voir triplés, contrairement à la Guinée. Maintenant c’est un match de football, c’est une réalité sur 90 minutes. Au delà des chiffres, des statistiques, de la régularité, il y a un état d’esprit qu’il faut mettre là.
Si on y va, avec les tripes et l’état d’esprit qu’il faut, je pense que y a moyen d’aller obtenir un résultat. Après il ne faut pas oublier que le contexte qui entoure cette rencontre, parce que c’est un derby.
On connaît les matchs Guinée – Sénégal, c’est beaucoup de tensions, c’est assez électrique. On a encore en mémoire ce match de 2006 en quarts de finale qui est resté encore en travers de la gorge des guinéens, 15 ans après on se retrouve. Je pense que si on y met la latitude et l’état d’esprit qu’il faut, on peut aller inquiéter cette équipe, voir obtenir cet exploit.
Africasport : sur le papier le Sily est favori par rapport aux deux autres équipes( Malawi, Zimbabwe), est-ce que c’est une 2e place déjà assurée pour l’équipe guinéenne dans cette poule ?
Thierno Amadou Makadji : vous savez, il n’y a de garantie dans le football. Et le football nous le rappelle à chaque fois, le dernier cas en date, c’est l’équipe de France lors du dernier Euro.
On ne peut pas arriver avec des certitudes, le premier match ça sera face au Malawi, juste avant de jouer face au Sénégal lors de la 2e journée. Donc, il sera déjà important de marquer notre territoire et de gagner ce premier match là. Parce que si tu gagnes, tu as déjà 3 points et tu as 90% de chance de passer au second tour. Il faut prendre ces équipes aux sérieux. Parce que la dernière fois que la Guinée a raté une CAN, c’était dans le même groupe que le Malawi et le Zimbabwe, c’était lors des éliminatoires de la CAN 2017.
Je me rappelle puisque j’avais eu l’occasion d’aller avec le Sily à Harare joué ce match au Zimbabwe (score final 1-1). Ce sont des équipes qui ont un football différent, qui sont très athlétiques. Le Malawi était lors de la dernière CAN, mais (…) nous avons vu ce que cette équipe a pu montrer, en terme de qualité, en terme de jeu. Il ne faudra pas les prendre à la légère, on ne la joue pas tout le temps, quant on est là, c’est pour représenter son pays. Il faudra prendre ces équipes au sérieux.
Africasport : est-ce qu’il faut renforcer cette équipe du sily pour espérer faire de bons résultats, vu la campagne qualificative difficile ?
Thierno Amadou Makadji : Déjà le même effectif c’est difficile, parce que ça bouge beaucoup. Lors des éliminatoires, il y a eu beaucoup de mouvements, même s’il y en a qui sont assez réguliers. Maintenant, je pense que la Guinée a toujours besoin de renforts, parce qu’on a vu qu’on a beaucoup de limites à certains postes.
C’est-à-dire le sily, quand tu as une ou deux, trois absences, (tout le monde sait, ndlr) que ça ne tient pas la route. On se repose sur certains joueurs cadres, mais on n’a pas cette profondeur de banc là. A quelques mois de la compétition, maintenant faut voir quel type de renforts. Parce qu’arriver dans une équipe comme ça, il faut des repères, des automatismes, du vécu au sein du groupe. C’est tout une alchimie qu’il faut mettre en place, et ça c’est le travail du coach, c’est à lui d’analyser de voir les besoins de l’équipe. Heureusement aujourd’hui, il y a des jeunes qui émergent. Je pense notamment à Aguibou Camara; d’Ibrahima Cisse qui revient avec Sereing, qui enchaîne les matchs, etc.
Africasport : Didier Six a souvent été critiqué, certains même demandaient son limogeage à la tête de la sélection guinéenne, est-ce que cela pourrait être envisageable ?
Thierno Amadou Makadji : Déjà d’un point de vu contractuel, c’est très difficile, parce que le viré ça un coup financier, c’est déjà un point. Au niveau sportif, les inquiétudes sont légitimes, parce que Didier Six est là depuis un moment, il n’arrive pas à imprimer sa patte, on ne voit pas son empreinte sur le jeu du Sily national. Quant on joue, le résultat repose plus sur des exploits individuels que d’un travail de fond réaliser par le sélectionneur, et c’est ça qui inquiète. Et aussi il y a une grosse incohérence sur ses choix, c’est un coach qui fonctionne de ses humeurs. Il n’a pas de ligne directive, c’est beaucoup de tâtonnements, beaucoup d’incohérences. Et à ce moment là ça devient justifier de s’interroger. Parce que sinon, y a lieu de craindre une humiliation à la prochaine coupe d’Afrique des nations, et enchaîner une humiliation après celle subie en Egypte, ça serait un énorme coup pour tout le pays et l’image du football guinéen.
Africasport : revenons sur la prochaine édition de la coupe d’Afrique, quelle serait selon vous l’équipe favorite de cette compétition ?
Thierno Amadou Makadji : l’Algérie ! Les fennecs d’Algérie, ils sont sur leur petit monde, on a comme l’impression qu’il n’y a personne qui peut aller les détrôner. Parce que les fennecs, après la CAN dernière (qu’ils ont remportée, ndlr), ils sont sur un record de nombre de matchs sans défaite, qui est juste phénoménal. Après derrière il y a le Sénégal, vice- champion d’Afrique, qui a beaucoup de très bons joueurs, des jeunes qui ont aussi émergé.
Il y a aussi l’Égypte, qui a une revanche à prendre, parce que sur son tournoi, elle a été surprise et éliminée très tôt de la compétition en 8e de final. Maintenant, les favoris c’est avant le démarrage de la compétition, quand le tournoi démarre chacun joue ses chances, c’est seulement en se battant qu’il faudra assumer son titre de favori ou créer la sensation.
Propos recueillis au téléphone par Abdoulaye Diouma Bah depuis Belgique pour Africasport.org