Le football guinéen s’apprête à élire à la tête de son institution dirigeante, le prochain président pour un mandat de quatre ans. Pour la conquête de ce trône, les deux challengers, pas des moindres le président sortant Mamadou Antonio Souaré candidat à sa propre succession et le patron du Hafia fc Kerfala Camara Kpc, sont tous déterminés à prouver aux yeux de l’opinion leurs capacités à apporter un sens neuf à notre football.
Si le boss actuel de la maison veut rempiler un second mandat pour le bonheur de la discipline en dépit de tout ce qu’il a posé comme jalons durant son premier mandat, son concurrent, quant à lui, pense que la gestion actuelle est entachée de procès et de règlements de compte.
Depuis l’annonce de la candidature de KPC, les réactions vont dans tous les sens chez ses partisans qui croient fermement à son programme de doter la Guinée d’un nouveau souffle et d’une administration fédérale compétente prête à relever le défi de son ambition. Sauf que, la gestion de l’équipe sortante qu’il juge de chaotique est pourtant pleine de prouesses et de progrès. Ces prouesses ont permis à notre pays de renouer avec la concurrence sur le plan international. Les observateurs, les plus avertis de notre football, savent pertinemment que notre football vient de très loin. La Guinée a connu les plus belles périodes de son football dans les années 70 grâce à la vision et à la clairvoyance d’une politique sportive et culturelle instaurée par un régime dirigé à la l’époque par le feu président Ahmed Sékou Touré. Cette volonté politique a permis à notre pays d’écrire les plus belles pages d’histoire de son football à l’échelle continentale :
▪︎ trois trophées de Ligue des champions Africaine(1972,1975 et 1977) avec le Hafia fc;
▪︎une finale de Coupe d’Afrique des Nations (1975);
▪︎une participation aux Jeux Olympiques (1968);
▪︎une Coupe de la CAF ( 1978) avec le Horoya AC;
▪︎un ballon d’Or (Chérif Souleymane) et des talents à l’époque qui ont émerveillé le public sportif.
Je veux parler de Dakinbô premier capitaine du Syli National, Petit Sory feu Baratte Papa Camara, Maxime Camara, Thiam Ousmane Tolo Kounta Diawara, Damas Camara et d’autres pour ne citer que ceux ci. Il a fallu patienter 14 ans pour voir une génération de jeunes talents émerger dans les quartiers de Conakry et de l’intérieur du pays pour redonner l’image de ce sport dans les années 90, avec une qualification en Coupe d’Afrique des Nation (1994) en Tunisie avec la génération TITI Camara.
Pour des raisons d’humeur instaurées à l’époque par les autorités sportives, cette génération ne verra pas le bout du tunnel. Les tâches restent énormes et décevantes, un seul paragraphe ne suffirait pour les énumérer.
De la gestion transitoire des générations :
La Guinée est un répertoire de jeunes talents à l’état pur issus des bas quartiers, prêts à être vendus dans les grands clubs sans passer par des centres de formation. Mais pour une question de mauvaise politique où de manque de vision les objectifs n’ont jamais prospéré. Alors que le premier régime avait pourtant laisser des traces de bonne politique, malheureusement cette réalité a été foulée au sol par certains Héritiers qui ont toujours fait croire à l’opinion que le progrès du football devrait venir de leur salut, en réalité les générations se sont succédées avec l’espoir qu’on méritait la place de numéro 1 sur le continent, mais en vain l’espoir est devenu un cauchemar au grand dame du public sportif attaché aux valeurs de son équipe.
LES PRATIQUES QUI ONT ENTACHÉ LE PROGRÈS DU FOOTBALL GUINÉEN :
Comme je l’ai énuméré ci haut, le football guinéen vient de loin voire même de très loin. Si un joueur, de nos jours évoluant dans le championnat guinéen, peut bénéficier des sélections dans l’équipe nationale, avant il ne pouvait même pas espérer au regard de la manigance et les affaires qui tournaient autour de l’équipe pour une place en sélection. Une réalité que les doyens en matière de journalisme ne peuvent démentir. Elle existait dans toutes les catégories jusqu’au sommet. L’exemple le plus récent est la sélection des joueurs que je préfère taire les noms, pendant les CAN 2012 et 2015, pour des raisons de partage de primes alors qu’ils n’étaient pas aptes pour la compétition.
Le recrutement d’un sélectionneur qui ne résidera pas en Guinée ( Luiz Fernández). Une administration fédérale centralisée sur le dos d’un seul individu qui, jusqu’à maintenant, dit qu’il reste et demeure la meilleure compétence de la gestion des textes du football. Au contraire, pendant sa gestion le monopole était si fort que même son président ne pouvait se rendre compte de ses manigances qui restent opposées à la bonne gestion du football. Des primes dérisoires qu’on tendait aux joueurs après la fin de chaque match et restaient souvent même impayées. Il fallait, parfois, une grogne à chaque regroupement pour obliger l’Etat à faire valoir ses droits.
La gestion des fonds alloués par les instances de football ( FIFA et CAF) n’a jamais été Claire et transparente devant les membres du Comité exécutif ni devant les membres statutaires. Une direction technique nationale restée à l’agonie durant des années sans bénéficier de soins et d’attentions pour lui permettre de se relever de tous ses maux.
Partant de ce constat, l’on pourrait être en mesure d’évaluer la gestion antérieure et actuelle de notre football afin de tirer une conclusion positive de ce qui a été fait.
AU DELÀ DES PROCÈS, QUE RETENIR DE LA GESTION ACTUELLE ?
En regardant le football guinéen dans le rétroviseur, l’on pourrait être en mesure de parler d’une avancée significative.
Si la rue était l’endroit idéal pour faire valoir son talent afin d’atteindre le sommet, cette équipe dirigeante a prouvé à la face du monde que l’école reste et demeure la voie la plus sûre d’être parmi les grandes nations de football. L’exemple le plus ilustratif est la mise en place de l’académie d’Élite de la fédération guinéenne de football, avec une tournée dans tous les chefs lieux des préfectures pour dénicher les jeunes talents. Cette initiative est l’œuvre de l’actuel Comité exécutif, validée par la FIFA dont notre pays a le projet pilote.
Les réformes engagées dans le domaine de la gouvernance restent un des atouts de l’actuelle équipe. À l’image d’une véritable association de football, cette équipe, sous le magistère du Président Souaré, a décidé d’être conforme aux réalités d’une administration efficace et participative pour le bonheur du football. En conformité avec les principes de la CAF et de la FIFA.
La mise en place de la commission d’audit et de conformité dont les résultats ont été salués par la FIFA. Il faut noter aussi la mise en place de la Commission d’éthique avec adoption du code d’éthique, la mise en place de la Cellule Foward, la mise en œuvre d’un manuel de procédure administrative et financière, l’adoption du Code disciplinaire et la recomposition des commissions permanentes.
Dans le volet formations, les différentes séries de formations organisées à l’endroit des acteurs sont entre autre la vision de l’actuelle équipe à doter la Guinée de compétences sportives. La formation des entraîneurs et arbitres qui ont été bien outillés pour être compétitifs sur le plan international. Pour redonner la valeur aux anciens footballeurs, l’actuelle équipe a favorisé l’insertion des anciens internationaux dans les structures de la fédération, leurs nominations à la tête des équipes nationales. Dans le cadre du fonctionnement des structures de bases, la ligue amateur a bénéficié d’un accompagnement avec l’organisation régulière du championnat amateur, l’octroi d’une subvention aux clubs amateurs et la mise en place de ligue guinéenne de football féminin.
Ces réformes ainsi que d’autres ont doté notre football d’une gestion administrative cohérente et efficace. Pour une question de franchise et de bonne foi, il serait judicieux de reconnaître les actes posés par l’actuel bureau exécutif de la Fédération Guinéenne de Football.
Les plus alarmistes sur ce sujet se baseront sur les procès qui ont émaillé les 4 ans de la gouvernance Souaré. Même si cela s’avère une déception chez plusieurs observateurs du football, mais il n’est pas de nature à peindre tout en noir et à jeter du discrédit sur la candidature d’un homme qui s’est sacrifié pour être au sommet de la pyramide. Aujourd’hui l’indice du football guinéen est en hausse grâce aux performances du Horoya AC en campagne africaine, une première dans l’histoire de notre football. C’est pourquoi le football en Guinée suscite tant d’engouements chez tous les amoureux du cuir rond et même au sein de l’opinion politique.
Lance Koivogui, journaliste sportif