En Guinée, le football féminin est un trésor ignoré, relégué à l’ombre d’un système qui peine à lui offrir le soutien et les structures nécessaires à son épanouissement. Alors que les joueuses continuent de faire preuve de passion et de dévouement, leur discipline est piégée dans un cercle vicieux de manque de compétitions régulières, de soutien institutionnel et d’une vision claire pour son avenir.
Le constat est accablant : ce que l’on appelle « championnat féminin » n’est rien de plus qu’un simple tournoi d’animation, limité dans son organisation et incapable d’aller à son terme. Cette absence de structure compétitive empêche les joueuses d’affûter leurs talents et d’acquérir l’expérience nécessaire pour briller sur la scène continentale. Pourtant, malgré ces carences, les équipes féminines guinéennes sont régulièrement engagées dans des compétitions africaines, sans y être véritablement préparées. Le résultat est souvent le même : des éliminations précoces et un sentiment de frustration, à l’image de l’élimination récente des seniors féminines du Syli par le Cap-Vert lors des qualifications pour la Coupe d’Afrique des Nations 2026.
Mais comment blâmer ces joueuses pour ces échecs, quand le problème réside en amont ? En l’absence d’un championnat digne de ce nom, de centres de formation dédiés et d’un véritable investissement, le football féminin guinéen est condamné à stagner. Ce manque de compétitions régulières ne permet pas aux joueuses de développer leurs compétences techniques, tactiques et physiques. Le football est un sport de répétition et de confrontation. Sans cela, il est impossible d’élever le niveau.
Le soutien au football féminin ne devrait pas être une option, mais une priorité. Dans un pays où le football est un vecteur de cohésion sociale et une passion partagée, il est inacceptable que la moitié de la population soit marginalisée dans ce domaine. Investir dans le football féminin, c’est non seulement promouvoir l’égalité des genres, mais aussi valoriser un potentiel inexploité. Les bénéfices d’un tel soutien sont nombreux : plus de compétitions, une meilleure visibilité pour les joueuses, une représentativité accrue de la Guinée sur la scène internationale, et surtout, l’inspiration pour des milliers de jeunes filles qui rêvent de chausser les crampons.
Il est temps pour les autorités sportives guinéennes, les sponsors et les partenaires de prendre leurs responsabilités. Il faut mettre en place un championnat national structuré, organiser des tournois régionaux et investir dans la formation des jeunes talents. Ces efforts doivent être accompagnés d’une médiatisation accrue du football féminin pour attirer les partenaires privés et mobiliser l’opinion publique.
La Guinée a le potentiel de devenir une nation forte du football féminin en Afrique, mais cela ne sera possible qu’avec une volonté politique affirmée et un véritable engagement. Le football féminin n’est pas un fardeau à porter, mais une opportunité à saisir. Ignorer cela, c’est tourner le dos à une partie essentielle de l’avenir sportif et social du pays.