Au retour des 13èmes Jeux Africains à Accra au Ghana, le président de la région ouest africaine du tennis de table a répondu aux questions de Africasport.org. A bâtons rompus, le dirigeant béninois est revenu sur la santé actuelle du tennis de table dans sa zone de gestion sans oublier les défis à relever par les fédérations nationales et les gouvernants. L’ancien président de la Fédération Béninoise de tennis de table n’a pas oublié de proposer quelques pistes de solutions pour le réel décollage de la discipline dans tous les quinze pays membres de la région.
Entretien
Quelle est la santé actuelle du tennis de table dans la région ouest africaine ?
En Afrique de l’ouest, le tennis de table se porte très bien. Sur 15 pays, 10 sont actifs et de ces 10, 06 sont de vrais pays de tennis de table. Je veux citer par exemple le Nigéria qui est souvent en tête dans la sous-région. A part le Nigéria, on a la Côte d’ivoire, le Ghana, le Togo, le Bénin et le Sénégal.
Vous avez suivi avec attention les 13èmes Jeux Africains à Accra au Ghana. Comment se sont comportés les athlètes des pays membres qui ont pu faire le déplacement ?
J’ai suivi avec attention les 13è Jeux Africains à Accra et au niveau du tennis de table, 05 pays ont porté les couleurs de la région ouest africaine (le pays organisateur, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Burkina et le Nigéria). Ils ont bien représenté la région et le constat est que le niveau est en nette progression. Le Ghana a été éliminé en demi-finale de justesse, la Côte d’Ivoire est restée toujours égale à elle-même, le Nigéria a montré une fois encore sa suprématie. Le Sénégal n’a pas pu faire les matchs par équipe mais plutôt en individuels.
De façon générale, 25 nations africaines se sont inscrites dont 05 de la région ouest africaine.
Au sein de la région, quels sont ces pays qui jouent réellement les premiers rôles ?
Les pays qui jouent les premiers rôles sont le Bénin, la Côte d’Ivoire, le Nigéria, le Ghana, le Sénégal et le Togo.
Est-ce que tous les 15 pays membres sont vraiment actifs ?
Je dirai que sur les 15 pays, 10 sont actifs et j’ajouterai que le tennis de table n’est pas encore développé dans tous les pays membres. Il faut la volonté politique et il faut que le personnel technique soit formé et mis au travail. La fédération africaine et la fédération internationale de tennis de table sont à pieds d’œuvre pour aider ces pays à se développer de façon progressive. Tout part de la volonté politique et les résultats accompagnent avec le temps.
Quelle thérapie de choc pouvez-vous proposer aux pays toujours à la traîne ?
Je pense une fois encore qu’il faut la volonté politique dans nos différents États. C’est à ce seul prix que cette discipline pourra vraiment décoller. Il faudra aussi que les fédérations s’engagent pour faire d’elle une discipline qui permette de résoudre un certain nombre de choses.
Le tennis de table apporte énormément à tous ceux qui le pratiquent, des enfants jusqu’aux personnes du troisième âge.
Vu sous l’angle de développement, son rayonnement ne saurait être l’affaire de la fédération seule.
A part la volonté politique, que proposerez-vous aux responsables fédéraux ?
Les fédérations nationales doivent se doter d’une politique de développement de cette discipline qu’elles iront exposer aux représentants des ministres des sports de leurs pays respectifs ou même aux ministres en personne.
Prenez l’exemple du Nigéria où tout va bien, le tennis de table est présent dans tous les États. C’est ce qu’on appelle volonté politique.
A part le soutien des gouvernements, pensez-vous que les sponsors ont un rôle à jouer dans l’essor de la discipline ?
Je pense que oui. Dans certains pays de la région ouest africaine, le sponsoring est assez poussé, je veux citer le Nigéria, la Côte d’Ivoire et même le Ghana à côté.
Ce qui explique souvent la réticence des sponsors est qu’ils brandissent comme argument que le tennis de table ne draine pas du monde. Ce qui n’est pas tout faux, car le sponsor attend toujours une contrepartie de l’appui qu’il vous donnera.
Il va falloir que les fédérations y pensent car les mécènes ne seront pas tout le temps à leurs services.
Au Bénin, l’Etat fait beaucoup à travers l’octroi des subventions mais ça ne suffira jamais pour couvrir toutes les dépenses.
C’est pourquoi les fédérations doivent mettre en place une stratégie en matière de communication afin de pouvoir avoir avec elles des sponsors. Quand le sponsor donne, il attend quelque chose en retour et donc les fédérations de la région savent désormais quoi faire.
Que dire du niveau du tennis de table en Guinée ?
La Guinée Conakry, un pays membre de la région ouest africaine se bat pour le développement du tennis de table surtout avec l’arrivée de Docteur Condé à la tête de la Fédération Guinéenne de tennis de table. Depuis qu’il est aux commandes de la fédération, certaines actions se mènent pour faire rayonner la discipline dans ce pays. Le pays essaie de suivre les activités de la fédération internationale portant sur le développement du tennis de table. C’est vrai qu’ils ne se sont jamais qualifiés pour les phases régionales et aller jouer le championnat d’Afrique mais il faut reconnaître que du travail se fait à la base. Et si la dynamique suit son cours, je pense que la Guinée deviendra aussi une nation de tennis de table.
Quel sera votre mot en guise de conclusion ?
Je dirai juste que les fédérations nationales doivent avoir une politique de promotion et de développement du tennis de table au niveau de leurs pays respectifs. Elles doivent également avoir sous la main un dossier bien structuré à présenter aux sponsors. Et c’est en fonction du sponsor qu’elles ont en face, qu’elles vont modeler ledit dossier et aller en négociation avec ce dernier dans le but d’avoir un peu plus de moyens pour pouvoir exécuter leurs programmes d’activités. Elles doivent savoir que les subventions seules ne suffisent pas et ne suffiront jamais. Mes propositions vont donc se résumer en trois points :
-les fédérations nationales de la région ouest africaine doivent se doter d’un plan stratégique de développement.
-Elles doivent avoir une politique de promotion et de développement de la discipline.
-Elles doivent se doter d’un dossier bien monté afin de convaincre les potentiels partenaires.
J’invite les présidents de fédérations à prendre en compte mes observations, toutes choses qui nous aideront à relever le niveau du tennis de table dans notre région, celle ouest africaine.
De Cotonou (Bénin), Gilles Biguézoton pour www.africasport.org